dimanche 4 juillet 2010

Plus autrement

La fête des mères et des pères ont toujours étés des fêtes importantes pour moi. Du plus loin que je me rappelle, on les a toujours soulignées. Par contre, lorsque j’étais en froid avec mon père, c’était la première affaire dont je me faisais un malin plaisir de passer par-dessus. N’allez pas croire que je l’oubliais, oh non! Je m’organisais pour avoir quelque chose de prévu à cette date là, juste pour ne pas lui dire ce genre de truc cute qu’il y a d’écrit dans les cartes de fête des pères. Vous savez le genre « T’es le meilleur papa au monde… » « Après tout ce que tu as fais pour moi… » « J’suis tellement fière d’avoir un père comme toi… ».

Eh bien en ce qui me concerne, comme ça n’a pas toujours été le cas, je préférais passer outre cette fête! Et puis y’a eu la période où j’ai eu ma puce… Je trouvais ça ben cute de souligner cette fête car elle adore tellement son grand-père, mais un moment donné, j’ai eu l’impression qu’il l’aimait plus qu’il m’aimait moi fait que c’était une façon de plus de lui faire du mal, que de le priver de la voir… Pas ben, ben fine, ma façon de réagir… Déjà que depuis que j’étais jeune j’avais l’impression de passer 2e, après mon frère que là, j’n’étais pas pour supporter qu’une autre personne passe « encore » en avant de moi… Je le sais, c’est con, mais quand je me suis souvent senti rejeté de mon père depuis que je suis adolescente… Quand tu te fais demander « combien tu veux? » quand tu veux juste lui jaser et que lorsqu’il décide de refaire sa vie avec une autre femme et qu’il te demande de quitter le nid familiale car selon lui (probablement elle) ça ne fonctionne pas deux femmes dans la même cuisine! Le même homme qui, un an auparavant, était venu me chercher en appartement parce que j’en arrachais et que la maison était assez grande pour lui, mon frère et moi… Tu traînes ça toute ta vie après… Cette fameuse peur du rejet!

Peur du rejet parce que t’as peur qu’il te mette de côté quand il a quelqu’un d’autre dans sa vie… C’est dur à vivre ça, venant de ton père quand tu as 22 ans… La journée où il m’a annoncé ça je m’en souviens comme si c’était hier. Il m’avait invité au restaurant. Je trouvais ça cool d’aller dîner avec mon père, un lundi midi, il venait me chercher au bureau et moi j’avais pleins de pamphlets d’autos neuves, je voulais lui demander laquelle je devrais acheter… Comme j’étais retourné vivre chez lui, à part la petite pension qu’il me chargeait pour habiter là, j’avais en masse de cash pour me payer un char neuf! Eh bien, ça ne s’est pas tout à fait passé comme ça… au lieu de parler de char neuf, il m’a plutôt parlé de me chercher un nouvel appartement pour juillet... que ça blonde emménageait chez nous! On était en février, ça m’a prit 3 semaines et j’étais déjà déménagé! Pas de char neuf, mon cœur de petite fille meurtri dans mon sentiment de rejet et l’orgueil gonflé à bloc! J’étais pour y montrer moi que j’n’avais pas besoin de lui non plus!


Foutaise!!! À chaque fois que j’ai été dans la merde, c’est mon père qui m’a sorti de là… Ma mère aurait bien voulu le faire, mais c’était lui qui avait le cash! Ma mère le faisait à sa manière, dans un geste remplie d’amour et de compassion. Ma mère me rendait visite, m’amenait de la bouffe, m’aidait avec le ménage, le lavage… Mon père lui, m’ouvrait son porte monnaie en me faisant la morale et me s’assurait de me faire sentir piteuse et « quémandante » devant lui… J’ai presque eu le sentiment de devoir ramper et lui rendre des comptes quand ça arrivait… Il m’a fait rusher en tabarouette!


Là, c’pas nouveau, je lui dois encore de l’argent… Des suites de mois plus maigres que j’ai connu l’année dernière… La différence maintenant c’est qu’il sait qu’il sera remboursé, quand, l’histoire ne le dit pas! J’ai pas mal plus besoin de cet argent que lui et puis de toute façon il ne l’emmènera pas avec lui… J’sais d’ailleurs pas pourquoi il ne me dit pas d’oublier ça… question de principe j’imagine.


Cette année, je l’ai invité à souper pour la fête des pères et croyez-moi j’ai voulu que tout soit parfait. J’ai vraiment porté une attention particulière au ménage, tout était propre partout, car je sais que c’est le genre de truc qui l’irrite une maison sale et il peut être de genre à m’en parler pour les prochains six mois… Donc, le ménage était fait et je lui ai préparé un bon souper sur le BBQ. J’étais super fière de le recevoir à la maison pour cette fête des pères, maintenant que nous nous sommes rapprochés et dis les vraies affaires…


Malheureusement, j’sais pas si c’était le fait qu’il avait reçu qu’un seul traitement de radiothérapie, mais au bout de 30 minutes suivant son arrivée, il a du aller s’étendre pour une heure… Pour le souper, il a à peine avalé quelques bouchées, il n’avait pas faim… Rien que pour vous dire, ma fille de 9 ans a mangée plus que lui. Lui qui s’est toujours appelé lui-même la « poubelle » car il finissait toujours nos assiettes, là, une enfant de 9 ans avait plus d’appétit que lui…


Après le souper ma mère et son conjoint sont venus faire un tour. Mes parents ont renoués l’amitié lorsqu’ils ont appris que j’étais enceinte. Comme elle tenait à le voir et lui parler depuis qu’elle avait su qu’il était malade, c’était pour elle le bon moment. Ça m’a fait vraiment de quoi quand je les ai entendu parler de cancer tout les deux. Comme de vieux amis, le regard rempli de compassion, de sentiments houleux de tristesse, c’était trop pour moi, j’ai fondu en larmes… Ma mère me disait de « prendre sur moi, de me calmer » et mon père employait un tout nouveau discour « laisse la brailler, vas y fille, faut que ça sorte… » Il n’est pas resté tard, il m’a dit vouloir entrer chez son gendre tôt, parce qu’il avait sa série de 4 autres traitements dès le lendemain…


On s’est revu ensuite le jour de la fête Nationale chez mon frère. Son appétit était revenu, sa bonne humeur aussi, je l’ai senti plus fort que quatre jours auparavant, ça m’a rassuré un peu. On se parle aux deux, trois jours, de bonnes conversations. Je trouve ça ben le fun de jaser avec mon père, finalement, à cœur ouvert! Ça me fais du bien de ne plus avoir à me censurer sur mes passions, mes sentiments, mes questionnements, je lui donne l’heure juste et il me reçoit, c’est comme ça que je veux que ça passe, plus autrement!

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Quelle belle conclusion, bravo!
xox½

Âme Tourmentée a dit…

Les choses changent, évoluent, et bizarrement, c'est toujours dans les pires circonstances on dirait...

C'est peut-être cela que ça signifie quand on dit: ''faire le meilleur du pire''....

Contente pour toi, ma belle!

Gros gros câlins
-xxxx-

Disjonctée a dit…

C'est vraiment plate et l'humain est vraiment con d'attendre à ce genre de truc pour être ouvert à la vraie communication... c'est vraiment con!