dimanche 13 février 2011

Bilan du week-end

Sur le chemin du retour la semaine dernière, mon frère m'a dit quelque chose, ça m'a prit du temps à l'assimiler (quasi une semaine!) et franchement, ce qu'il m'a dit, m'a profondément touché. "Disjonctée, tu m'impressionnes vraiment... Tu as le don d'alléger les situations par ton humour!". Pourtant jusqu'à maintenant, j'ai toujours eu des commentaires plates par rapport à mon humour dans les moments où ce n'est pas le temps d'en faire... Quand mon frère m'a dit ça la semaine passée, j'ai cru qu'il me faisait un reproche. Aujourd'hui, je comprend que ça en était pas un. C'est vrai que ça dédramatise beaucoup l'humour. Et là avec ce qu'on vit avec papa, je ne vois pas autre chose que d'utiliser l'humour pour passer les messages ou pour faciliter l'acceptation des faits.

Mon père n'ouvre plus son courrier. Il nous laisse ça à mon frère et moi. C'est nous qui voyons à ses affaires, à préparer ses chèques. Aujourd'hui j'ai ouvert pour lui une lettre de la S.A.A.Q. demandant un rapport médical pour la conservation de son permis de conduire. C'est clair pour tout le monde que mon père ne reprendra jamais le volant. Mais pour lui, voyez-vous, il a encore espoir de guérison et il se demandait bien quand il pourrait aller voir son médecin avant la date à laquelle il doit retourner ce papier, le 4 mars 2011... Je n'ai pas été capable de lui dire qu'il ne conduirait plus. Tout ce que j'ai été capable de lui dire c'est "c'est cool se faire conduire, non?". Il m'a répondu "Voyons Dijonctée, j'peux pas perdre mon permis maintenant car quand je reprendrai du mieux, je vais devoir tout repasser les tests..." Ma belle-mère et moi avons échangé un regard qui en disait long... On ne peut pas lui dire ça, ça se fait pas, ça serait comme lui couper les ailes et puis on a pas envie de le faire personne.

Un des livreurs de pharmacie où je travail m'a prévenu la semaine dernière que les suppléments liquides étaient pour être en spécial cette semaine, après en avoir parlé avec papa, on a convenu d'en acheter à toutes les saveurs l'équivalent d'une caisse. On a viré ça en farce quand on s'en ait parlé, "hey p'pa, au lieu des caisses de 24 bières, au chalet, on apporte des 24 d'ensures!". Faut bien trouver le moyen de rire à travers tout ça, 4 caisses de 24, méchant party!

Je ne savais pas comment parler de l'état de mon père à ma fille de 9 ans. Elle est rendue à une âge où tout ce qui l'importe se sont des discussions rapides, sans trop de profondeur et elle ne veut surtout pas me montrer que ce que je lui dis la touche, c'est vraiment bizarre, elle fuit ce genre de conversation, me fuit du regard, cherche à fuir la pièce et a un drôle de comportement, elle "cherche la chicane" afin de clore ce genre de discussion... Je pensais qu'elle ne me ressemblait pas mais à la regarder aller, c'est mon portrait tout cracher! Fuir, provoquer la chicane, pour sacrer le camp... Ça m'a prit du temps mais au moins, j'ai enfin compris qu'il faut AUSSI sentir ce genre d'émotions, même si l'on a pas envie des vivres... 40 ans pour comprendre...

L'infirmière est passée pour le voir deux fois la semaine dernière. Elle est super gentille, j'ai eu la chance de la rencontrer hier. Il a aussi accepté l'aide d'une auxiliaire, elle vient faire ses soins d'hygiène, ça nous libère de certaines tâches tout en nous permettant d'avoir un beau petit papa qui sent tout bon.

L'Amoureux et ma puce sont venus avec moi ce week-end pour le visiter. Ma belle-mère en a profitée pour "découcher" deux soirs d'affilés. J'ai donc eu le privilège de dormir avec mon père pendant deux nuits. La première n'a pas été très bénéfique pour moi, je dormais très légèrement car j'avais peur de dormir trop profondément et qu'il ait besoin de moi... Hier par exemple, j'ai bien dormi. Il s'est réveillé à 3 reprises pour uriner les deux nuits, c'est donc dire qu'on était "timé" parce que j'en profitais pour y aller après l'avoir aidé. Ça m'a fait drôle de dormir en cuillère avec mon père... Combien de filles peuvent se vanter de l'avoir vécues? Je n'en connais aucune...

Ça fait plus de 10 jours qu'il est cloué à son lit. À part son gigantesque effort de mercredi quand il s'est traîné jusqu'à son véhicule pour aller voir son guérisseur. Il commence à en avoir ras-le-bol d'être étendu. Il n'a même pas envie qu'on lui installe la télévision ou une radio, il perd intérêt à toutes ces choses là. L'infirmière est sensée lui avoir un lit thérapeutique avec matelas de gel car il commence à faire des plaies de lit. On installera son lit de façon à ce qu'il puisse au moins regarder dehors, voir son lac, regarder son fameux bord de l'eau et ses chevreuils...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

My, my, my.... que tu es sereine dans tes mots. C'est bon de te lire, malgré que les nouvelles ne soient pas les meilleures. Quoique, pour ton évolution à toi, c'est vraiment magnifique!
Je t'aime fort et je t'envoie des gros câlins xoxxxx
P.

Disjonctée a dit…

Je ne peux rien changer à son état, tout ce que je peux faire c'est tenter de le rendre confortable et de vivre avec lui ses instants précieux du mieux possible... On s'est piqué une belle jasette dans la nuit de vendredi à samedi... j'insistais pour dormir dans le salon, on avait installer un moniteur... et un moment donné, il m'a dit: viens donc dormir ici... non, papa, je suis correct... plus tard, viens donc me jaser d'abord... et on a parlé plus d'une heure, on s'est raconté... c'était cool!

Merci P. de vivre tout ça avec moi, gros câlins mon amie, je t'aime aussi xxx