dimanche 16 mai 2010

Chapitre I: le manteau de fourrure

J’sais pas pourquoi j’écris ça ici, ça serait peut-être plus simple d’écrire sur mon ordinateur, de faire du coupage et d’ensuite lui donner une lettre à lui… Bref, je le fais pour moi d’abord… Y’aura pas de suite logique, peut-être mais peut-être pas… J’ai besoin d’écrire à propos de mon père et ici c’est la meilleure place pour le faire, car il ne le saura jamais…


Je demandais à une amie cette semaine ce qui selon elle était le pire entre :

Perdre son père de façon tragique et subite ou bien comme moi je m’apprête à perdre le mien, à cause de la maladie… Elle m’a tout de suite répondue que d’une façon ou d’une autre, toujours selon elle, la douleur n’est pas moins intense mais que sans doute ça étire moins longtemps…


Ses parents à elle, se sont séparés à peu près en même temps que les miens, son père avait une maîtresse depuis cinq ans et comme on le sait tous, sa femme a été la dernière à le savoir… Mon amie n’a pas réussie à lui pardonner ce qu’il a fait vivre à sa mère. Après la séparation, elle n’a pas vu son père pendant plus de quinze ans, elle l’a privé par le fait même de connaître ses petites-filles et ce n’est que quelques semaines avant sa mort qu’elle a décidée de lui écrire une lettre. Dans cette lettre, elle lui mentionnait que beaucoup d’eau avait coulé sous les ponts et qu’elle acceptait maintenant de le voir et de lui présenter ses enfants… Quelques semaines plus tard, elle a apprit que son père s’était noyé en allant à la pêche sans ceinture de sécurité… Quand ils ont vidés son modeste appartement, la lettre de mon amie, sa fille, était ouverte sur la table de cuisine toute chiffonnée. Il l’avait sans doute lu et relu… Elle n’a jamais pu le revoir ni lui présenter ses petites-filles… C’est une bien triste histoire…


Moi avec mon père c’est un peu différent. Mes parents se sont séparés quand j’avais 18 ans et n’allez pas croire que c’était plus facile parce que j’étais plus vieille car quand ma mère est partie de la maison, j’ai pris toutes les charges sur mes épaules, le lavage, le ramassage, les repas… On ne m’a jamais demandé de le faire mais pour moi, c’était normal que je prenne ça sous ma responsabilité, j’étais une fille! Mon petit frère n’avait que 14 ans et mon père savait comment faire cuire un œuf, faire une soupe aux légumes et cuire un steak mais, fallait pas lui demander quelque chose de plus élaboré… D’ailleurs il ne sait même pas encore, à l’heure actuelle comment se faire cuire des pâtes! Comme ce n’est pas son met favori, il ne s’est jamais donné la peine de lire « plonger dans l’eau bouillante pour 7 minutes et égoutter », en tout cas…


Toujours est-il qu’au bout de six mois, à 18 ans, j’en avait ras le pompon de ramasser 2 hommes qui à ma connaissance, ne se sont jamais rendu compte du poids que je m’étais mise sur les épaules… C’était du « acquis » pour eux… J’ai pris la porte de sortie en allant vivre avec mon amoureux de l’époque. Je croyais que c’était pour la vie avec lui… Y’en a eu bien d’autres après… Et avec eux aussi j’ai cru que c’était parfois le bon…D’autre fois j’ai eu à faire à des salops de la pire espèce, j’ai été abusé physiquement, mentalement, parfois avec violence verbale ou dans la douceur sournoise et mesquine aussi… Bref, j’ai envie de vous parlez de mon père, pas de ma vie amoureuse, quoi que, on le sait tous, la vision qu’une femme a d’elle adulte, est souvent le reflet du regard du père sur elle lorsqu’elle est adolescente…

Le plus loin que je me rappelle, mon père a toujours aimé les petits formats de femme… Pas les petites en hauteur mais les petites tailles, les femmes sveltes, en forme, délicates avec aucune once de graisse autour de la taille, vous voyez le genre? Et je me rappelle qu’il disait ouvertement à ma mère « T’as engraissés, faudrait que tu watch ta ligne! » ou bien « Wow! T’as vu le beau petit modèle? »


Je ne peux pas le garantir et confirmer que c’est à cause de ça mais… Il m’écoeurait royalement quand il lui passait ce genre de commentaire… C’était automatique, il la faisait pleurer à tout coup et le lundi d’ensuite, je voyais ma mère entreprendre un autre régime pour essayer de perdre ses quoi, 5 livres en trop?!?... Ça coïncide à peu près avec mon début de prise de poids… Qu’est-ce qui s’est passé dans ma tête d’adolescente à ce moment là, je ne sais pas mais une affaire est certaine y’a sûrement des neurones qui ont disjonctées et qui se sont dit « Ouain, t’aimes pas ça les grosses eh ben tu vas voir! ». Je me suis mise à prendre du poids à ce moment là, je dirais en moyenne 10 à 20 livres par années. À l’âge de 18 ans, j’avais 60 livres en trop, j’ai donc commencé mon premier régime, c’est lui qui a payé le traitement, j’allais dans un centre où je devais acheter la nourriture, il était tellement fier que j’aie perdu ce poids qu’à mon 18e anniversaire il a voulu m’acheter un beau manteau de fourrure de lapin! Oui, oui, 18 ans, un manteau de fourrure! J’ai refusé son cadeau, quand est-ce que j’aurais mis ça? Pour aller au cégep, pff! Et puis en plus, ça me grossissait, y’était pas question que je me pavane avec ça! Pour lui, c’était tout un cadeau qu’il m’offrait là, un manteau de fourrure, mon 1er manteau de fourrure hey!!! Quand j’étais petite j’étais du genre dans les partys de famille à aller me coucher dans les manteaux de mes tantes et j’aimais ça mais il a tout changé cette perception et depuis ce jour, je déteste les manteaux de fourrures! Je trouve ça laid et puis de savoir ce qu’ils font aux animaux pour qu’on en arrive là, ça ne fait qu’amplifier le dédain que j’ai pour ça!


2 commentaires:

Quelqu'une a dit…

Je pense en effet qu'il n'y a pas d'âge pour perdre son père.

Moi j'ai perdu le mien à 10 ans.

La fin du monde pour moi qui n'a pas eu de "vraie mère" pour moi ce n'est qu'une génitrice.

32 ans plus tard je n'en suis pas encore remise et je ne lui pardonne pas son départ hâtif à l'âge de 38 ans.

Je suis de tout coeur avec toi.

xxx

Disjonctée a dit…

Merci Quelqu'une... gros câlins à toi xxx